Faire sa place, un stage à la fois à Peter Hall
par Nicolas Monet
Raphaël Castonguay-Goulet, sourire en coin, parcourt à toute allure les allées du Métro Plus Côte-Vertu, replaçant divers items sur les étagères. Il connaît l’épicerie comme le fond de sa poche. Depuis plus d’un an, l’élève de l’école Peter Hall – qui accueille des jeunes à besoins particuliers – y effectue un stage dans le cadre du programme Portail.
« Après la première journée, je n’étais pas sûr », confie le jeune homme de 18 ans. Manifestement à l’aise désormais, il n’a plus aucune gêne à répondre aux clients qui demandent son aide pour trouver certains aliments.
Le programme Portail vise à developer les habiletés professionnelles et interpersonnelles d’élèves âgés de 15 à 21 ans pour favoriser leur intégration sociale à la fin de leur parcours scolaire. En plus de leur cours en classe, les participants effectuent des stages variés à l’école et à l’externe – chez Subway, Tigre Géant ou au Cimetière Mont-Royal, par exemple.
« Le but, c’est qu’ils prennent confiance en eux », affirme Christel Pommiers, technicienne en éducation spécialisée à Peter Hall. De nombreux jeunes atteints de déficience intellectuelle ou de troubles du spectre de l’autisme vivent beaucoup d’anxiété à leur arrivée dans la vie adulte, souligne-t-elle.
À l’école, les élèves se répartissent les tâches de cuisine, de jardinage, de recyclage, de nettoyage. Ils gèrent également une cantine, où les membres du personnel de Peter Hall peuvent acheter cafés, repas et friandises. Tout le monde met la main à la pâte, et les plus responsables se voient confier des rôles de supervision. « C’est comme un petit village », illustre Mme Pommiers.
Ainsi, les jeunes apprennent dans un environnement sécuritaire à adopter une conduit professionnelle, à maintenir une bonne apparence et à devenir ponctuels, explique l’éducatrice spécialisée. « La rigidité disparaît petit à petit, poursuit-elle. Ils nous surprennent parce qu’ils s’adaptent vite. »
À sa sortie de Peter Hall, Raphaël Castonguay-Goulet souhaite travailler au dépanneur près de chez lui, où il pourrait s’occuper de prendre les commandes. « Il a une très bonne mémoire », précise Christel Pommiers, vantant son potentiel. « Ce que nous voulons : c’est que les élèves atteignent le meilleur d’euxmêmes, tout en apportant leur contribution à la société comme tout un chacun, car ils en ont le droit »!