La crise du logement se fait davantage sentir chez les personnes autistes
Par Nicolas Monet
Il y a « un manque criant » de logements au Québec pour les personnes autistes, conclut une étude menée par la Maison de l’autisme et l’Université de Montréal, publiée en février dernier. Il s’agit de la première recherche systématique sur les besoins et les attentes des personnes autistes en matière d’hébergement réalisée dans la province. vivent pas dans la situation de logement qu’elles souhaitent à court ou à long terme, estiment les coautrices, Isabelle Courcy et Nuria Jeanneret.
« Le peu d’options ne tient pas compte de la pluralité des besoins », résume-t-on dans l’étude. Un peu plus de la moitié des 370 personnes autistes sondées trouvent que leur situation d’habitation ne répond pas à leurs besoins et préférences.
Par ailleurs, 90 % des répondants rapportent avoir rencontré des difficultés d’accès à un logement ou un hébergement dans les deux dernières années. Manque de logements adaptés, contraintes économiques, difficultés dans la recherche, anxiété à l’idée de vivre seul : les obstacles sont nombreux et importants. « Plein de petits événements de la vie quotidienne peuvent être pénalisants pour les personnes qui sont moins à l’aise », explique en entrevue Isabelle Courcy, professeure de sociologie à l’Université de Montréal. En outre, moins de 30 % des personnes sondées sont propriétaires ou contribuent au loyer de leur hébergement, et 62 % demeurent avec leur famille, constate-t-on dans l’étude. Une grande vulnérabilité économique qui peut être source d’inquiétude pour les personnes autistes et leurs parents, ces derniers redoutant leur vieillissement ou leur épuisement, précisent les autrices.
Rester chez des proches peut aussi être problématique pour les personnes autistes désirant plus d’indépendance. « Ma famille ne comprend pas mon intimité ou parfois des besoins liés à l’autisme », souligne un jeune autiste cité dans l’étude. La solution? Développer des « modèles résidentiels diversifiés », qui intègrent différentes formes de soutien, suggèrent les chercheuses. « C’est un spectre, l’autisme. On va avoir besoin d’un spectre de solutions », soutient Xavier Henri Hervé, président et cofondateur de la Maison de l’autisme.
Il faudra faire en sorte que les personnes autistes aient un chez-soi adapté dans la communauté, et non en retrait du monde, poursuit-il. D’ailleurs, notons qu’une majorité des répondants ont manifesté une ouverture à habiter dans un environnement où cohabitent des personnes autistes et non autistes, et où il y a de la mixité sociale.
Nicolas Monet écrit pour Inspirations depuis le printemps 2023. Il est également journaliste au Journal Métro, et a précédemment travaillé comme avocat en droit du travail. Doté d'une curiosité insatiable, Nicolas s'intéresse autant aux questions sociopolitiques qu'à la culture et aux sports.